Sélectionneur du Burkina Faso, Kamou Malo ne se cache plus. En conférence de presse d’avant le match qui oppose les Etalons au Sénégal ce mercredi, le technicien a été clair sur ses intentions. Il ne se fixe plus de limite et son objectif désormais est de gagner la compétition. Kamou Malo a par ailleurs évoqué la jeunesse de son effectif et les retours de Bertrand Traoré et Issoufou Dayo.
Des articles venant du Burkina Faso indiquaient toute à l’heure que Kamou Malo a dit qu’il a atteint son objectif. Mais ce qu’il a oublié c’est que les choses ont changé à Ouaga et que désormais, l’objectif, c’est le trophée. Est-ce qu’on peut avoir une idée de la situation du groupe ? A part Dango qui a été suspendu, tous les autres éléments sont-ils prêts pour le match contre le Sénégal ?
Est-ce que je pense que j’ai atteint mes objectifs ? Oui, je l’ai dit par rapport au contrat que j’ai sous la main. Il y a des base qui ont été fixées par mon employeur et c’est de cela que je parle. Mais en tant que compétiteur, à ce niveau, on ne doit plus se fixer des objectifs. Et mon envie est d’aller jusqu’au bout, de gagner cette compétition. Et nous allons vendre chèrement notre peau pour y arriver.
Vous avez dédié la qualification pour les demi-finales au peuple burkinabé. Par rapport aux événements qui se passent au pays, en quoi ça vous apporte un supplément d’âme pour gagner cette compétition ?
Oui, il est vrai que nous avons dédié la qualification pour les demi-finales à notre peuple qui traverse des remous politiques. Nous nous sommes fixés pour objectif de donner un brin de sourire à notre peuple. si nous pouvons par notre contribution donner de l’espoir au peuple burkinabé, nous n’hésiterons pas. Tant que nous le pouvons, nous aurons à cœur de donner ce trophée à notre peuple.
Qu’avez vous comme argument ou ingrédient pour affronter le Sénégal, grandissime favori de la compétition ?
Il s’agit d’abord d’être nous-mêmes. Nous n’allons pas changer d’identité parce que nous affrontons le Sénégal qui est une très grande nation de football. On ne va pas jouer cette rencontre avec une image qui n’est pas la nôtre. Nous allons garder notre identité de jeu.
On a vu à certains moments des erreurs juvéniles dans votre défense. Est-ce que le retour de Tapsoba a mis un terme à tout ça ?
Malheureusement je peux pas vous répondre par l’affirmatif. Dans le football, même les grands joueurs commettent des erreurs. Ce que nous faisons, c’est travailler à minimiser ces erreurs. Nous jouons avec des jeunes joueurs et parfois, ça passe par des émotions qui peuvent les tétaniser. Mais au fur et à mesure que nous avançons, les jeunes gagnent en expérience. L’erreur est inhérente au football et nous ne pouvons pas lutter contre cela tout le temps, parce que même l’adversaire en face, qui est plus outillé, commet aussi des erreurs.
Qui, selon vous, est le favori de ce match ?
Je suis étonné de voir les gens chercher un favori dans ce match. Pourtant c’est bien clair sur le papier.
C’est la 4e demi-finale du Burkina Faso en 24 ans. Qu’est ce que ça dit du football burkinabé ?
Je pense qu’il y a une constance dans le football burkinabé, il y a un progrès. Il n’est pas facile d’être coach du Burkina Faso aujourd’hui parce qu’on vous assigne des objectifs très élevés. On ne va pas se cacher, il y a des choses qui se font au niveau du foot burkinabé. Il y a de plus en plus de jeunes qui partent en Europe et qui finissent par apporter une plus value à notre équipe.
Bertrand Traoré n’était pas présent contre la Tunisie mais tout s’est bien passé. Est-ce que vous comptez toujours sur lui pour demain ?
Je compte naturellement sur lui parce qu’il est le leader technique et le capitaine. J’ai beaucoup de respect pour ce garçon pour son parcours et son vécu en sélection. Avoir un tel joueur et ne pas compter sur lui, c’est faire de la magie. Je ne dis pas que l’équipe ne joue pas sans lui. On a toujours dit que dans notre équipe, nul n’est indispensable. Et si nous suivons bien notre parcours, c’est comme cela que nous avons évolué et n’avons jamais eu à aligner notre équipe type. J’ai amené 28 garçons qui vivent bien et qui se complètent. Il faut arrêter d’imager notre sélection par rapport à Bertrand. Je lui fait confiance parce que quand il est là, il joue bien. Il a l’opportunité de faire une bonne demi-finale et pourquoi pas une finale.
La jeunesse de votre effectif ne vous pose-t-il pas de problème ?
Dans la gestion des émotions au cours des matchs, vous avez vu souvent notre équipe montrer deux visages. C’est au niveau de cette gestion des émotions que nous sommes encore très courts mais nous travaillons à gagner en maturité parce qu’avec une jeune équipe, c’est ça.
On a beaucoup parlé des techniciens africains au cours de cette compétition. Est-ce que vous vous dites que ce sera également un match entre vous et Aliou Cissé ?
Je voudrais rendre hommage ici à Aliou Cissé parce que j’ai beaucoup de respects pour lui et ce qu’il fait. Ici, le combat d’Aliou Cissé est le même que je mène pour la visibilité des coachs africains. Il n’y a pas très longtemps, chaque pays allait chercher son sorcier (technicien expatrié, NDLR). C’est simplement pour vous dire que nous aussi nous avons faim. Et nos dirigeants doivent commencer à faire confiance aux techniciens africains. Les autres se sont développés et viennent nous envahir. Permettez-nous aussi de nous développer.
Coach, vous avez parlé de la gestion des émotions et parfois de l’excès d’engagement de vos joueurs. Est-ce que dans cette optique, le retour d’Issifou Dayo en défense centrale est prévue ? Si oui qu’attendez-vous de lui et de son expérience ?
Issoufou Dayo est effectivement un garçon expérimenté et nous comptons sur lui. Quant à son retour sur le terrain, nous préférons ne pas en parler et mettre ça en frigo. Demain, on verra s’il sera sur le terrain ou pas.
Avec tous les grands attaquants que le Sénégal a, comment préparez-vous ce match contre eux ?
Ils ont des grands attaquants, mais nous avons aussi de grands défenseurs. On sait déjà comment on va débuter cette rencontre. Elle sera difficile mais la vérité, c’est ce qui se passera sur le terrain.
Propos recueillis par Pierre Arnaud Ntchapda, envoyé spécial d’Africa Top Sports à Yaoundé