Afrique CAN 2021 / Patrice Beaumelle avant de jouer la Sierra Leone : « On doit jouer le match dès la première minute »



Après sa victoire contre la Guinée Equatoriale lors de sa première sortie de la CAN 2021, la Côte d’Ivoire affronte la Sierra Leone dimanche dans le groupe E. En conférence de presse d’avant-match, Patrice Beaumelle, le sélectionneur des Eléphants et Serge Aurier, le capitaine, évoquent cette rencontre, les stratégies mises en place pour l’emporter et l’état d’esprit du groupe.

Journaliste – C’est un derby pour vous face à la Sierra Leone, comment voyez-vous cette rencontre ?

Oui bien sûr, c’est un derby comme je l’ai dit tellement de fois, j’ai beaucoup de respect pour la Sierra Leone, j’ai beaucoup joué contre eux, et c’était toujours un gros challenge, les joueurs, la plupart savent que ces matches sont difficiles, nous sommes prêts pour cette rencontre et pour cette compétition.

L’état d’esprit est bon, déjà pas de cas de Covid dans le groupe donc, on va pouvoir préparer la séance avec tous les joueurs, ils ont bien récupéré, c’est toujours important de bien débuter une compétition, on a pu s’acclimater au climat, on doit s’améliorer et continuer notre marche en avant.

journaliste – Sur le match Algérie vs Sierra Leone, comment les battre demain ?

On a eu le temps d’analyser la performance de la Sierra Leone, contre l’Algérie. Les Fennecs ont fait leur match mais la Sierra Leone les a fait déjouer. Ils jouent en formation regroupée, ils sont rapides, on a beaucoup analysé leur match, ils ont fait 4-4 contre le Nigeria en éliminatoires, ils ont battu le Bénin pour se qualifier, ils jouent compact et essayent de frustrer l’adversaire, ils sont techniques, avec un grand gardien. Ils ont de très bons joueurs, je pense qu’on doit faire attention à cette équipe et on doit jouer le match dès la première minute, c’est très important.

Sergier Aurier – Comment appréhendez-vous ce match contre la Sierra Leone, et comment avez vous vécu votre absence au premier match ?

On est très bien rentrés dans la compétition, c’était le plus important pour nous de prendre les 3 points, on a fait de belles choses en première mi-temps, mais aussi moins bien, on sait qu’on doit travailler, on a montré un bon visage, le plus important c’est de rentrer et de gagner, c’est ce qu’on a fait et c’était l’objectif principal. Maintenant, je pense qu’on sera prêts pour demain.

Je n’ai pas débuté la compétition, mais je suis content de retrouver mes coéquipiers, je pensais que les suspensions étaient remises à zéro en début de compétition officielle, mais malheureusement non. J’ai donc été un peu surpris par rapport à cela, mais on va garder le positif. Aujourd’hui je reviens dans le groupe et je suis content.

Journaliste – la Sierra a subi contre l’Algérie, pensez-vous qu’ils pourront reproduire cela contre vous ?

C’est une bonne question. Tout dépend la philosophie de l’équipe. J’ai pu regarder 3 ou 4 matches de la Sierra Leone et avec eux, c’est très souvent le même constat. D’abord ils défendent en bloc pour nous prendre en contre, c’est dans leur ADN, ils ont des individualités, qui peuvent faire la différence, ils vont vite à l’essentiel quand ils récupèrent le ballon. Dans leur préparation, dans le type d’effort qu’ils font, ils sont prêts à souffrir. Ce type de football leur appartient, ils jouent quand même au ballon, ils jouent leur va-tout ainsi. Après c’est sûr qu’il fait chaud. Les performances vont tenir compte de la profondeur du banc, du Covid mais c’est valable pour toutes les équipes.

Journaliste – Sur la programmation des matches à 14h, prendre le jeu à son compte

Par chance, on n’a pas encore joué à 14h mais quand je regarde les matches, dans l’intensité, c’est Sadio Mané qui se plaignait des horaires, on voyait beaucoup plus de rythme pour les matches de 20h, quand la température diminue de 5 à 6 degrés, c’est beaucoup mieux.

Concernant le fait de prendre le jeu à notre compte c’est bien, mais il faut finir nos actions, le foot, c’est marquer des buts, la possession c’est bien mais il faut aller à l’essentiel. Dans notre équipe, on aime bien avoir le ballon même si je pense qu’on est plus dangereux quand on ne l’a pas.

Journaliste – La Côte d’ivoire a été éliminée par l’Algérie en 2019, il faut aller chercher la victoire absolument pour ne pas entrer dans les calculs ?

Oui, quand on commence une compétition, il faut prendre le maximum de points possible. Peu importe l’adversaire, il faut prendre confiance. On a été sortis par l’Algérie lors de la dernière CAN, certes. Le plus important, c’est de jouer la Sierra Leone et gagner pour être qualifié. Contre l’Algérie, ce sera un match de prestige, que tout le monde attend. On est concentrés sur la Sierra Leone, avant d’aborder cette autre rencontre. L’objectif est de se qualifier, le plus rapidement possible.

Journaliste – Sur la performance décevante de Sébastien Haller et le dispositif sur l’attaque

Sur la performance de Haller, le joueur a eu dix jours de Covid et a été enfermé. Il est arrivé deux jours avant le match et j’ai décidé de le faire entrer car il n’a jamais connu l’intensité d’une CAN. C’est différent d’un match éliminatoire, dans la pression et la gestion. Déjà quatre jours sont passés, il s’acclimate comme tous les joueurs, j’attends plus de lui, comme lui aussi. Les quatre jours de repos nous ont fait du bien pour travailler ensemble. Ce n’est pas une excuse, c’est un constat, j’ai réussi à avoir mon groupe deux jours avant le match. J’espère que ça se retrouvera sur le terrain. Haller est un compétiteur, cela ne sert à rien de trop parler, et je suis sûr qu’il va beaucoup nous apporter.

Serge Aurier – Sur les anciens qui sont venus soutenir les joueurs, à l’image de Didier Drogba

C’est toujours important d’avoir des anciens joueurs, on était très contents de la venue des gens comme Didier, qui ont fait la gloire de la sélection. Le groupe l’a bien perçu, pour certains jeunes, c’était un rêve de le rencontrer, nous on a déjà eu l’occasion de jouer ensemble, c’est toujours un plaisir de le voir. Forcément on a encore besoin de plus d’anciens, qui apportent leur expérience en sélection, ça donne une énergie positive à l’équipe. C’est normal dans cette compétition, qui est très disputée. On aimerait en voir d’autres bien sûr.

Journaliste – Sur Max Gradel, malgré le décès de son père, il a beaucoup apporté tout de même (le but du match)

Effectivement Max Gradel est un joueur très important de l’équipe. Il fait partie des joueurs cadres, on se connait depuis plus de 10 ans, j’ai joué avec lui à de nombreuses reprises. C’est un joueur qui est très important, c’est un interrupteur, qui est toujours allumé, il est toujours très bon, il n’a pas de fluctuation. Je sais qu’on peut le faire démarrer, ou le mettre en cours de match, il est discipliné, il parle aux joueurs. Il y a le capitaine qui est le maitre a bord et il y a aussi Max, avec qui ils échangent tous.

Concernant cette dure épreuve, il reste concentré sur sa CAN. Quand il a marqué, il a relâché beaucoup d’émotions, toute l’équipe est allée vers lui pour lui montrer qu’on est ensemble. Il souhaite intérioriser tout ça, et on est là pour le soutenir, il répond toujours à l’appel si on a besoin de lui.

Serge Auriez – Sur l’absence du gardien avec qui il a joué, impressionné ?

Oui effectivement, on a l’habitude de jouer avec Sylvain en numéro 1, c’est clair que son absence nous a affectés, ça change beaucoup de choses sur les plans du coach et de l’équipe, mais il ne faut pas juste être là pour être là, il a montré lors des matches ce qu’il avait à exprimer.

Ali [Sangaré] a des qualités pour répondre présent et il était content de relever ce nouveau rôle de numéro 1. Il nous a sauvés sur des situation chaudes, et c’est ce qu’on attend de tout joueur dans une sélection. On était dans une situation un peu difficile, et on se retrouve avec Ali, qui a aussi été performant, on était contents et on espère que ça va continuer pour nous et l’équipe, et que Sylvain sera content d’évoluer ainsi. Il faut qu’on reste solidaires de toute façon.

Journaliste – Sur la Sierra Leone, sur les faiblesses ma réponse va être très courte, je ne vous dirais rien (rires)

Serge auriez – Ce que vous vous dites pour vous motiver

En tant que capitaine, je suis content car je suis le seul. Il y a des anciens qui sont plus en avant, moi je suis dans ma génération donc c’est plus facile de m’exprimer. Il y a des leaders comme Max et Serey Die, qui ont plus d’emprise sur le groupe, on a un groupe qui vit, qui essaye d’avancer ensemble, tous les conseils sont les bienvenus, on a beaucoup de jeunes joueurs qui, pour certains, vivent leur première CAN. Le message est toujours bien perçu, c’est le plus important, il faut les mettre dans les bonnes conditions. Pas de message particulier, déjà venir à la CAN est une grosse pression. C’est important d’être ici, tout le monde est conscient que le niveau est au-dessus.

Journaliste – Sur la gestion du calendrier, première ou seconde place ?

Dans vos calculs, vous faites déjà le mieux le moins bien, je ne suis pas du tout là dedans. J’ai un deuxième match à jouer, ce serait trop prétentieux de dire que je préfère jouer à Limbe ou ici etc. Toute l’énergie des garçons est dans la Sierra Leone, après on préparera le dernier. Le reste ne m’intéresse pas. Même si je sais qu’il y a des surprises, on fera les calculs après.

Serge Aurier, entre 2006 et 2012 la cote d’ivoire se présenté toujours avec le meilleur effectif, en 2015 vous l’emportez avec de moins bons joueurs 

Effectivement, c’est vrai que j’ai eu la chance de connaitre les deux générations. Il y a eu une génération avec de grands noms, qui ont inspiré la génération qui a gagné en 2015, donc forcément il y a toujours des choses positives dans les expériences. 2015 nous a inspirés et nous a donné des idées alors qu’on était en pleins doutes et on se posait des questions. Dans cette génération dorée, il y a eu des Ivoiriens qui ont remporté 2015, et nous on arrivait pour notre première. Ils se sont toujours battus pour maintenir le drapeau de la Côte d’Ivoire le plus haut possible. On est arrivés avec notre énergie de jeunes, qui découvrions la CAN et c’était un bon mélange. Le temps passe et aujourd’hui c’est nous qui devons apporter cette expérience et le transmettre aux jeunes qui viennent d’arriver. C’est une situation qui nous plaît. Arriver ici et ne pas être favori ce n’est pas un problème pour nous, et on espère que le scénario se répétera et que nous ferons mieux qu’à la CAN 2015.

Journaliste – Sur la deuxième sortie, ça s’est mieux déroulé que celle contre le Cameroun (match perdu 1-0) à Douala, sur la pelouse et sur la Sierra Leone qui a posé des problèmes à l’Algérie

Concernant la pelouse, je la trouve plus que correcte. On a eu pire lors des CAN précédentes donc, on n’a pas à se plaindre du tout. Le stade omnisport de Douala est un très beau stade avec des installations plus que correctes.
Nous ne sommes pas en gestion contre la Sierra Leone, nous sommes en mouvement, on essaye d’améliorer les points faibles et de travailler les points forts. Contre la Guinée Equatoriale, on a très bien démarré, on marque rapidement, je pense qu’on manquait de rythme juste après, et l’entrée des remplaçants a été un bon apport pour l’équipe. Mais on ne finit pas les occasions donc, c’est là où il va falloir travailler.

Journaliste – Votre adversaire, la Guinée Equatoriale, a montré la fébrilité de votre défense

Oui effectivement, on a eu de nombreuses occasions et il faut qu’on arrive dans la même mentalité et finir les actions. Je suis pas tout à fait d’accord, car on ne prend pas de but, c’est toujours un élément positif. Il y a toujours moyen de progresser, mais le fait de ne pas avoir pris de but, montre une certaine stabilité, le gardien a fait le job, c’est une CAN difficile. On a été solides dans l’ensemble, malgré une certaine fébrilité.


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